Eva dort: Francesca Melandri
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« Si quelqu'un avait demandé à Hermann, le père de Gerda, s'il avait connu l'amour (mais personne ne le fit jamais, et encore moins sa femme Johanna), il aurait revu sa mère sur le seuil du fenil lui tendant le seau avec le lait tiède de la première traite. ... »
Mille trois cent quatre-vingt-dix-sept kilomètres. Eva voyage en train depuis son Tyrol du Sud natal jusqu'en Calabre pour rendre visite à Vito, disparu de sa vie trop tôt. Durant ce trajet du nord au sud de l'Italie, de sa région frontalière et germanophone au Sud profond, c'est toute son enfance et l'histoire de sa mère Gerda qui défilent dans sa tête. Celle-ci, fille-mère, était parvenue à mener une prestigieuse carrière de chef cuisinière quand elle rencontra un sous-officier des carabiniers luttant contre le mouvement indépendantiste, Vito... Et Eva de se souvenir du destin du Haut-Adige, passé en 1919 de l'Empire austro-hongrois défait à l'Italie, que Mussolini essaya d'italianiser de force.